Vendredi 1er août, il est 11 heures, nous quittons la marina de Flamenco à Panama, enfin !!! Nous aurons passés deux mois au Panama dont plus d’un à attendre notre carte sim pour le téléphone iridium. Depuis deux semaines, certains qu’elle arrivera le lendemain, nous faisons l’avitaillement, les pleins d’eau et de gasoil, alors c’est avec une joie immense que nous levons l’ancre. Maoro était tout beau tout propre à notre retour des Perlas et de revenir au flat de Flamenco, nous partons avec la ligne de flottaison couverte de traces de gasoil ainsi que deux éclats de peinture. Il flotte dans ces eaux toutes sortes de détritus. Au Panama la mer c’est la décharge publique, j’y ai même vu flotter une chaise entre deux eaux, il y a également de nombreuses billes de bois et ça les coques elles n’aiment pas trop. On y trouve aussi pas mal de reste de bouées de mouillage avec leurs amarres qui traînent à la dérive. C’est donc avec l’œil aux aguets que nous sortons du golfe de Panama. Nous guettons aussi les baleines, présentes en ce moment avec leurs petits. Nous en avons vu à plusieurs reprises s’ébattant au milieu des cargos au mouillage, la pollution visiblement ne les dérange pas.
Nous avons 900 milles à parcourir pour arriver aux Galapagos, nous les ferons avec le vent de face, ça gîte beaucoup, ça tape car en plus il y a de la houle, des orages et de la pluie, la totale quoi !! On fait du moteur, on met des ris, remplir le réservoir de gasoil avec la gîte est devenue une épreuve de force, et tout ça pour n’avancer qu’à 3 ou 4 nœuds, parfois 5.
Dimanche 10 août, je suis de quart il est 2 heures du matin et nous coupons la ligne de l’équateur. Rien de spécial à l’horizon, les conditions sont toujours mauvaises alors la fête du passage on s’en fout, on est crevés.
Lundi 11 août 5 heures du matin, arrivée dans l’archipel des Galapagos, c’est la fin de mon quart et je me régale du spectacle que m’offre le ciel, le soleil se lève et tout s’enflamme et sur mon bâbord j’aperçois l’île de San Christobal, le moral remonte, le mouillage est proche et enfin on pourra dormir. Nous attendrons 15 heures trente pour jeter l’ancre, nous aurons le vent et la houle toujours en face de nous, 2 ris dans la grand voile et 2 ris dans le Yankee. Au total nous aurons parcouru 1080 milles en 10 jours et 4 heures trente, soit une moyenne de 4,02 nœuds (minable), 139,80 heures de moteur et 240 litres de gasoil.
Au mouillage nous retrouvons 2 bateaux copains, Michel sur LARIMAR, son cata de 44 pieds qui aura mis 10 jours dont 3 autour des Galapagos à tirer des bords, du coup on ne se plaint plus et AVEL MAD de Carine et Benjamin.
Nous passons 3 jours aux Galapagos, c’est peu mais il est interdit de naviguer dans ces îles classées réserve naturelle.
La réglementation sur les textes est draconienne, en vérité sur place c’est comme ailleurs. Toutes les îles se visitent avec leurs bateaux à touristes à raison de 100 $ par jour et par personne, ça limite la durée du séjour. Sur place il y a des agents qui vous proposent tout ce dont on a besoin et les dollars coulent à flot. Par contre les restos sont si peu chers et supers sympa que nous ne faisons plus de cuisine à bord durant ce séjour, Maoro nous retrouve que pour dormir.
Nous le laissons à la garde des otaries qui viennent à bord et dorment sur la jupe, en plus ils râlent lorsqu’on revient et que nous les chassons, ils puent horriblement. Nous consacrons une demie journée à la visite du parc, dire bonjour aux tortues, approcher les iguanes et même les toucher et regarder les jeux des otaries qui envahissent la plage dès que le soleil commence à baisser, ainsi que cette multitude d’oiseaux dont les fous à pattes bleues et à pattes rouges.
Vendredi 15 août à 9 heures nous quittons San Christobal avec Michel, sur son cata « Larimar », cette foi nous filons à 6, 7 nœuds, vent de travers, les oiseaux nous accompagnent, ils sont curieux et viennent tout prêt de nous, un se posera sur le pont et Yves pourra même le toucher. Nous laissons vite les Galapagos qui auraient méritées que nous leur consacrions quelques jours de plus mais c’est réservé aux gens fortunés. Si les vents nous sont favorables comme c’est le cas en ce moment, nous devrions arriver aux Marquises dans trois semaines, alors on croise les doigts, 3090 milles à parcourir.
C’est un fou masqué qui vient un jour faire une glissade sur le panneau solaire et s’écroulé dans les vagues, il y reste un moment, regarde Maoro partir puis s’envole à nouveau vers nous. Je suis dans le cockpit et ça ne le dérange pas pour se poser à quelques centimètres de moi, embarrassé de ses grandes ailes, il se retient avec son bec coincé entre le mât d’éolienne et un chandelier, il est un peu bousculé par le roulis du bateau. Sans me quitter des yeux, les siens sont couleur d’or, il s’installe au mieux. Il doit être épuisé pour oser se poser à un mètre de moi, il me semble assez jeune, il pue horriblement le poisson malgré la blancheur de son plumage qu’il lisse avec son bec, seul l’extrémité de ses ailes est noire ainsi que le tour de son bec qui forme un masque noir. La nuit est tombée et notre Fou est toujours avec nous, cette foi il est descendu au fond du cockpit plus abrité sans doute et mieux caler, il nous macule les sièges de ses fientes et pour ne pas le déranger nous laissons faire. Je suis contente à l’heure de mon quart de le trouver toujours à la même place, je l’éclaire parfois et ne peut dire de quel côté est sa tête, c’est une boule de plumes et je me demande où il range son long bec un peu vert. Parfois il me regarde, vraiment formidable ce tête à tête. Après 12 heures environ notre Fou reprend vie et essaie de remonter sur les bancs c’est pas facile il est handicapé avec ses grandes ailes, Yves munie de gants le prendra dans ses mains, il se laisse faire. Nous ne saurons jamais si nous avons bien fait de l’aider à reprendre son envol, il n’a pas volé il s’est posé sur l’eau, à bu beaucoup. Pourra t-il rejoindre ses congénères ? La terre est si loin. Il y en a paraît-il qui se reposent sur le dos des tortues. La vie en mer est une succession de jours et de nuits, identiques il ne se passe rien d’extraordinaire. Après les réglages des voiles et du cap, quoi faire d’autre qu’attendre ? On lit, on joue aux cartes ou des jeux de société, à deux c’est moins marrant. Il y a l’appel que nous faisons chaque jour à Stéphane, puis ensuite à Michel, nos amis en France qui étudient pour nous la météo et grâce à la technologie des satellites nous pouvons parler en France et pour nous c’est magique, ces quelques minutes sont si importantes, tellement attendues, nous faisons passer quelques messages qu’ils transmettent sur le forum du site de Maoro, ainsi la famille et les amis savent où nous sommes, que nous allons bien et nous durant ces quelques minutes nous ne sommes plus seuls au milieu du Pacifique. Je n’aime pas ces longues traversées je me sens prisonnière dans cet espace restreint au milieu de cette immensité liquide, chaque mouvement doit être calculé à l’avance, on se cogne partout, la moindre petite tâche est épuisante, mon corps est douloureux d’être en contraction perpétuelle, alors je suis le plus souvent possible couchée, mais là aussi ça bouge.
Lien avec l'album photos :
C’est un fou masqué qui vient un jour faire une glissade sur le panneau solaire et s’écroulé dans les vagues, il y reste un moment, regarde Maoro partir puis s’envole à nouveau vers nous. Je suis dans le cockpit et ça ne le dérange pas pour se poser à quelques centimètres de moi, embarrassé de ses grandes ailes, il se retient avec son bec coincé entre le mât d’éolienne et un chandelier, il est un peu bousculé par le roulis du bateau. Sans me quitter des yeux, les siens sont couleur d’or, il s’installe au mieux. Il doit être épuisé pour oser se poser à un mètre de moi, il me semble assez jeune, il pue horriblement le poisson malgré la blancheur de son plumage qu’il lisse avec son bec, seul l’extrémité de ses ailes est noire ainsi que le tour de son bec qui forme un masque noir. La nuit est tombée et notre Fou est toujours avec nous, cette foi il est descendu au fond du cockpit plus abrité sans doute et mieux caler, il nous macule les sièges de ses fientes et pour ne pas le déranger nous laissons faire. Je suis contente à l’heure de mon quart de le trouver toujours à la même place, je l’éclaire parfois et ne peut dire de quel côté est sa tête, c’est une boule de plumes et je me demande où il range son long bec un peu vert. Parfois il me regarde, vraiment formidable ce tête à tête. Après 12 heures environ notre Fou reprend vie et essaie de remonter sur les bancs c’est pas facile il est handicapé avec ses grandes ailes, Yves munie de gants le prendra dans ses mains, il se laisse faire. Nous ne saurons jamais si nous avons bien fait de l’aider à reprendre son envol, il n’a pas volé il s’est posé sur l’eau, à bu beaucoup. Pourra t-il rejoindre ses congénères ? La terre est si loin. Il y en a paraît-il qui se reposent sur le dos des tortues. La vie en mer est une succession de jours et de nuits, identiques il ne se passe rien d’extraordinaire. Après les réglages des voiles et du cap, quoi faire d’autre qu’attendre ? On lit, on joue aux cartes ou des jeux de société, à deux c’est moins marrant. Il y a l’appel que nous faisons chaque jour à Stéphane, puis ensuite à Michel, nos amis en France qui étudient pour nous la météo et grâce à la technologie des satellites nous pouvons parler en France et pour nous c’est magique, ces quelques minutes sont si importantes, tellement attendues, nous faisons passer quelques messages qu’ils transmettent sur le forum du site de Maoro, ainsi la famille et les amis savent où nous sommes, que nous allons bien et nous durant ces quelques minutes nous ne sommes plus seuls au milieu du Pacifique. Je n’aime pas ces longues traversées je me sens prisonnière dans cet espace restreint au milieu de cette immensité liquide, chaque mouvement doit être calculé à l’avance, on se cogne partout, la moindre petite tâche est épuisante, mon corps est douloureux d’être en contraction perpétuelle, alors je suis le plus souvent possible couchée, mais là aussi ça bouge.
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